Le prêtre Gustave Lafortune prend sa retraite après 52 années de sacerdoce
11-May-2015
Le prêtre Lafortune a pris sa retraite après 52 années de sacerdoceAprès avoir passé près de 52 ans dans différentes paroisses des Seychelles pour enseigner la foi, le prêtre seychellois Gustave Lafortune a pris sa retraite.
Un des prêtres les plus âgés des Seychelles, il a décidé de dire au revoir le 26 avril.
Le père Lafortune est désormais basé « au Domus » le bâtiment où loge les prêtres.
Dans une interview avec la Seychelles News Agency (SNA), le père Lafortune a dit que le Domus sera son dernier lieu.
« Je croyais que le dernier endroit sera Cascade mais on m’a obligé, mon évêque (ndlr : Denis Wiehe) m’a dit qu’il avait pris sa décision pour que je vienne ici dans l’intérêt de la paroisse et dans mon intérêt personnel et même le père Mathiot (ndlr : Edwin) a écrit dans l’Echo des îles pour ne pas laisser la paroisse mourir l’évêque m’a demandé de partir à la retraite », a-t-il dit.
Parlant de son départ, le père Lafortune a dit : « Après 52 ans où nous avons travaillé en faisant différentes choses, bien sûr que prendre sa retraite est quelque chose de nécessaire, de prendre un peu de repos. J’ai quitté la paroisse de Cascade où j’ai été tourmenté par plein de mendiants, j’espère qu’ici je vais pouvoir me reposer sans avoir à faire face à ces tourments. J’ai plusieurs projets que je tiens à réaliser et avec la grâce de Dieu, voir comment les réaliser. »
Quels sont donc ces projets ?
« Le projet numéro un c’est d’écrire un livre de catéchisme, c’est un vieux catéchisme que je travaille dessus depuis 48 ans. J’ai écrit un morceau, puis un autre et je me suis arrêté, j’espère que j’aurai plus de temps pour me concentrer, pour que cela devienne une réalité. Bien sûr cela passera par mes supérieur et après je l’imprimerai… j’ai aussi un projet d’écrire un ou deux livrets pour sensibiliser les gens sur la réalité, comment nous vivons, pourquoi nous sommes sur terre où voulons nous aller. Le monde a aujourd’hui beaucoup perdu la foi. La grande majorité de la population a mis Dieu de côté et je veux écrire dans cette ligne. Et la troisième chose c’est de mettre sur un CD les cassettes de musique que j’ai produites et ensuite de les vendre. Mes chansons ont toujours été une inspiration, qui était un cadeau de Dieu. Je ne dirai pas que je suis un compositeur, je me vois comme un prophète, comme dit Jésus ‘je mettrai les paroles dans ta bouche’ », a expliqué le père Lafortune.
En guise de réponse à la question ‘comment voyez-vous le travail que vous avez fait pour agrandir la foi aux Seychelles ?’ le père Lafortune a dit : « J’ai fait beaucoup, j’ai fait avancer le plus possible la foi, l’amour de Dieu, l’amour pour nos prochains. Mais nous devons réaliser que notre monde devient de plus en plus matérialiste, avec internet et la télévision, les gens ont changé de mentalité. On a beau se casser la tête, même tout récemment à Cascade de temps en temps je rencontrais des gens que j’essaie d’encourager, mais cela entre dans une oreille et sort par l’autre. On vous promet de venir mais après c’est zéro… c’est comme le mariage, quand j’étais à Anse Boileau j’ai célébré 162 mariages… et parmi une dizaine de couples se sont séparés et certains ont changé de religion. On se casse la tête avec les parents pour les faire comprendre qu’ils ont des responsabilités vis-à-vis de leurs enfants. Mais personne n’entend… Jésus a essayé tout ce qu’il a pu faire pour expliquer son rôle mais finalement la masse a décidé de le tuer. »
Il a aussi dit qu’au début les gens étaient plus attachés avec l’église. « Je me souviens à Anse Boileau quand je faisais la retraite pendant le carême, il y avait 150 personnes hommes et femmes qui venaient. Je n’oublierai pas le père Justin qui était à la retraite à Anse Boileau, quand je lui ai demandé de m’aider à confesser les gens, il se demandait combien de personnes il y aurait ? Et finalement à 7 heures il y avait encore des gens à confesser… mais maintenant il n’y a plus personnes alors j’ai décidé d’arrêter », a dit le père Lafortune.
Parlant de la transformation de l’église durant ces 50 dernières années, le père Lafortune a dit qu’ils n’ont pas été assez vite.
« Cela a pris du temps les générations changes. Les coutumes et les mœurs changent... Oui au début on était en soutane avec le col romain… j’en ai encore deux… je ne sais pas quoi en faire je crois que je vais les donner au Caritas…. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup des choses qui ont changé, par exemple il y avait la pratique sérieuse contre les enfants illégitimes dans le baptême. Ou il y avait des attitudes sévères face aux personnes mortes qui ne se rendaient pas à l’église, l’enterrement se faisait dehors, des choses comme cela et au fur a mesure l’église a changé ses pratiques, c’est un progrès. Pour ce qui est de l’habit du prêtre ca a changé et nous devons vivre avec notre époque. C’est comme devant moi je vois plein de jolies maisons, avant elles étaient en tôles. La vie change. Il y a des choses que nous pensons qui va dans l’intérêt du peuple, des pauvres, des pêcheurs, alors il faut être moins sévère », a-t-il expliqué.
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