Professions réglementées : tensions entre avocats parisiens et provinciaux
Ils se déchirent sous les yeux effarés des pouvoirs publics en panne d'interlocuteurs et de propositions. Avocats de Paris et de province s'écharpent depuis toujours, mais aujourd'hui ne sont plus d'accord sur rien et les portes claquent au moindre prétexte au Conseil national des barreaux, l'organisation qui chapeaute tous les barreaux de France. Ce qui, jusqu'à présent, relevait du rituel institutionnel prend désormais vilaine tournure. L'annonce de Bercy de réformer les professions réglementées - dont celle des avocats - a mis le feu aux poudres. L'incendie a atteint son paroxysme, à Montpellier, la semaine dernière, lors de la convention nationale annuelle des avocats organisée par le CNB. D'un côté, 160 barreaux de province qui disent «non» à toute réforme. De l'autre, Paris, qui totalise la moitié des avocats français (26.000), les deux tiers du chiffre d'affaires de la profession et doit absorber chaque année 2000 nouveaux avocats arrivant sur le marché. Autant dire que pour ces derniers, l'élargissement de leurs activités au-delà du contentieux et de la plaidoirie est essentiel. Le différend est donc d'abord d'ordre économique. Nombreux sont les petits barreaux de province qui vivent de deux seules sources de revenus: la postulation (obligation pour un avocat de s'associer à un conseil local quand il plaide dans un autre tribunal que le sien) et l'aide juridictionnelle. La réforme de ces deux activités remettrait en question l'existence de certains d'entre eux. Cela explique la fronde des avocats de province dont certains ont amorcé des mouvements de protestation. À Nantes, la semaine dernière, les hommes en robe noire ont érigé un mur de codes devant le palais de justice. À Montpellier, la semaine dernière, Marc Bollet, le président de la conférence des bâtonniers, a dû promettre, sous la pression de sa base, une mobilisation générale pour la semaine du 17 novembre.
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